Finie la télé, Les Oscars cèdent à la YouTube money
C’est un basculement historique. À partir de 2029, la cérémonie des Oscars sera diffusée en exclusivité mondiale sur YouTube. La chaîne américaine ABC, qui portait l’événement presque sans interruption depuis 1976, perd la main. Pour la première fois, la plus prestigieuse cérémonie du cinéma quitte la télévision linéaire pour une plateforme vidéo.
C’est un signal fort sur l’évolution des usages, du pouvoir des plateformes et de la stratégie des grands événements culturels.
La fin d’un monopole télé vieux de près de 50 ans
Les Oscars ont longtemps été un symbole de la télévision américaine. Après un passage initial sur NBC, puis une alternance dans les années 60 et 70, ABC avait sécurisé les droits depuis 1976. Un contrat quasi patrimonial.
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À partir de la 101e édition en 2029, et jusqu’en 2033, YouTube disposera des droits mondiaux exclusifs de diffusion, selon un accord pluriannuel confirmé par Variety. ABC conserve la diffusion jusqu’en 2028. C’est la première fois que les Oscars ne seront plus portés par une chaîne de télévision traditionnelle.
Une diffusion gratuite mondiale… sauf aux Etats Unis
L’accord prévoit une diffusion gratuite à l’échelle mondiale sur YouTube. Cérémonie, tapis rouge, coulisses, Bal des gouverneurs. Seule exception notable : aux États-Unis, la cérémonie principale nécessitera un abonnement à YouTube TV. L’argument clé mis en avant par l’Académie est clair. L’internationalisation. Sous-titres multilingues, pistes audio multiples, accessibilité technique immédiate dans des dizaines de pays.
Un choix assumé face à l’évolution des usages
Dans son communiqué, l’Académie justifie ce partenariat par la volonté de toucher « la plus large audience mondiale possible ». Bill Kramer, directeur général, et Lynette Howell Taylor, présidente de l’Académie, évoquent aussi des « opportunités innovantes d’engagement », sans en préciser la nature.
YouTube n’est plus seulement une plateforme mobile. Selon Nielsen, elle représente aujourd’hui 13 % du temps total de visionnage sur les téléviseurs aux États-Unis. C’est plus que toute autre plateforme de streaming, Netflix compris, qui plafonne à 8 %.
Une cérémonie en perte de vitesse depuis dix ans
Ce basculement intervient dans un contexte de fragilisation des Oscars. L’audience décline nettement depuis une décennie. En 2016, lors du dernier renouvellement du contrat avec ABC, la cérémonie avait rassemblé 34,4 millions de téléspectateurs. En mars dernier, elle n’en attirait plus qu’environ 20 millions.
La cérémonie souffre aussi d’une image vieillissante. Une durée jugée excessive, des échanges entre présentateurs souvent critiqués et une sensation générale de lourdeur ont éloigné une partie du public.
Un modèle économique sous tension
Pour ABC, les Oscars restent un programme rentable, mais de plus en plus contraignant. La chaîne débourse environ 100 millions de dollars par an pour les droits de diffusion. Elle génère en retour près de 140 millions de dollars de revenus publicitaires annuels, dont une partie est reversée à l’Académie.
Face à l’érosion des audiences, ABC a augmenté le nombre de pages publicitaires diffusées pendant la cérémonie. Lors des discussions pour un nouveau contrat, la chaîne s’est montrée réticente à accepter une hausse des droits. Elle estimait même qu’une baisse serait justifiée.
L’Académie, de son côté, ne pouvait pas se permettre un accord à la baisse. Les Oscars représentent environ 60 % de ses revenus annuels. Un deal moins lucratif aurait menacé plusieurs de ses activités, notamment la restauration de films.
YouTube comme solution de continuité financière
Le partenariat avec YouTube apparaît donc moins comme une rupture idéologique que comme une décision de survie économique et d’adaptation. La plateforme offre une audience massive, déjà installée sur les téléviseurs et un modèle de distribution aligné avec les usages actuels.
